Nouveau calcul du moniteur des prix : le levier pour plus de durabilité est le prix

Nouveau calcul du moniteur des prix : le levier pour plus de durabilité est le prix

Des prix élevés réduisent considérablement la compétitivité des produits bio par rapport aux produits standard. C’est ce que confirme la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) en publiant aujourd’hui les résultats de la deuxième édition du moniteur de prix de Marchés Équitables Suisse (MÉS) : l’écart de prix entre les produits bio et les produits conventionnels chez les deux grands distributeurs Migros et Coop persiste et s’est même creusé pour certains produits. Pour la première fois, les données des discounters Aldi et Lidl sont également relevées, avec des prix nettement plus bas pour certains produits. que Migros et Coop veulent stimuler les ventes bio, sensibles aux prix. De manière générale, sur un franc dépensé par les consommateurs pour des produits bio, les agriculteurs ne reçoivent en moyenne que 33%. Pour les variantes bon marché de produits standard, cette part est en revanche de 41 pour cent.

Six mois après le lancement du moniteur de prix de Marchés Équitables Suisse (MÉS), sa deuxième édition a été calculée. Il s’agit de vérifier périodiquement si la discrimination des produits bio et de leurs producteurs, constatée l’année dernière dans le moniteur, a diminué. «Malheureusement non !», déclare le président de MÉS, Stefan Flückiger. Sur la base des nouveaux résultats, la politique des prix des deux grands distributeurs Migros et Coop, leaders du développement durable, doit à nouveau être critiquée et remise en question : les prix des produits bio et labellisés sont toujours très élevés et l’écart avec les produits standard s’est même encore un peu creusé.

L’extension du moniteur avec les données des discounters Aldi et Lidl est une nouveauté : leur calcul de prix allégé devrait accélérer leur position de fournisseurs bio, qui est aujourd’hui encore à un niveau bas. La valeur moyenne des différences de prix entre le prix à la consommation et le prix à la production, qui donne une indication de la marge brute, est environ 25% plus basse pour les produits bio étudiés dans le discount que chez les grands distributeurs Migros et Coop. Les discounters apportent le développement durable aux consommateurs à un coût nettement inférieur.

La base du moniteur de prix, dont les résultats ont été publiés aujourd’hui, a été développée par la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) sur mandat de Marchés Équitables Suisse (MÉS). Il permet de discuter de la formation des prix sur les marchés alimentaires en lien avec le débat sur la durabilité et l’équité. Le moniteur donne des réponses sur la compétitivité des produits bio et durables par rapport aux produits standard et sur l’importance de la participation des producteurs et productrices au prix final. Le moniteur des prix comprend des produits de divers assortiments tels que les produits laitiers, la viande, les œufs, les pommes de terre et la farine.

Indices de pratiques commerciales déloyales dues à un pouvoir de marché excessif

Le moniteur des prix fournit également des indices de pratiques commerciales déloyales, qui existent en cas d’abus de pouvoir de marché. Les différences de prix parfois importantes laissent supposer que cela est lié à l’exploitation du pouvoir de marché des deux grands distributeurs Migros et Coop, qui contrôlent ensemble environ 80% du commerce alimentaire en Suisse.

Cette constellation de marché joue d’une part un rôle pour les producteurs : Lors de l’achat des produits bruts, les agriculteurs subissent une pression accrue sur les prix. C’est pourquoi les prix à la production des produits bio sont souvent à peine plus élevés que les prix des produits conventionnels. D’autre part, le pouvoir de marché est également important lors de la vente aux consommateurs et consommatrices : Il y a moins de concurrence pour les produits bio et labellisés, ce qui permet aux deux grands distributeurs, qui dominent le marché des produits durables, d’imposer des prix plus élevés à un nombre plus restreint de clients plus conscients et plus solvables. Selon l’étude, les deux grands distributeurs semblent calculer des marges brutes en moyenne nettement plus élevées pour les produits bio que pour les produits standard – selon les indicateurs calculés, elles sont environ deux fois plus élevées.

Défavorable également au changement vers plus de durabilité

La présente étude fournit également une explication économique au constat selon lequel les ventes de produits bio et labellisés, comme la viande, ont stagné ces dernières années. Les consommateurs et consommatrices doivent payer des suppléments de prix élevés pour les produits bio, dont les ventes sensibles au prix sont ainsi freinées. Si l’on veut continuer à promouvoir une agriculture durable et respectueuse de l’environnement, il faut créer d’autres incitations sur le marché.

Créances FMS : écarts de prix et parts de valeur ajoutée identiques

La durabilité implique également une répartition équitable de la valeur ajoutée, en permettant aux agriculteurs de participer à des prix plus élevés, car ils sont les véritables fournisseurs des prestations de durabilité. MÉS demande, notamment sur la base des résultats du Moniteur des prix, une formation des prix qui rémunère également les producteurs de produits bio de manière équitable et qui n’impose pas de prix trop élevés aux consommateurs. Dans ce contexte, la part de la valeur ajoutée dans le commerce des produits bio ne devrait pas être systématiquement plus élevée que celle des produits conventionnels, comme c’est le cas aujourd’hui. En fin de compte, il doit être financièrement intéressant pour les agriculteurs bio, de se convertir à l’agriculture durable ou biologique.

Vers le moniteur de prix : www.fairemaerkteschweiz.ch/preismonitor

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Petits pains à 99 centimes : MÉS saisit les autorités de la concurrence

Petits pains à 99 centimes : MÉS saisit les autorités de la concurrence

Zurich / Berne, le 6 novembre 2025 – La politique des prix bas sur le marché suisse du pain, avec le prix de 99 centimes pour la livre de pain, ​​met clairement en évidence la défaillance structurelle du marché du pain. L’association Marchés Équitables Suisse (MÉS) exige maintenant des politiques et des autorités qu’ils prennent rapidement des mesures concrètes. La situation inéquitable du marché doit être corrigée – et ce avant que d’autres dommages ne surviennent, en évinçant les entreprises commerciales du marché ou en exerçant une pression supplémentaire sur les prix des céréales suisses.

La baisse de prix très médiatisée d’Aldi Suisse – des pains de 500 grammes à 99 centimes – a suscité de vives réactions sur le marché et notamment dans le secteur de la boulangerie. Le public s’est également interrogée sur la possibilité d’écarts de prix aussi importants entre un pain artisanal et un pain industriel. Du point de vue de Marchés Équitables Suisse (MÉS), ces écarts flagrants ne sont pas seulement les symptômes de deux procédés de fabrication très différents, mais aussi et surtout ceux d’une défaillance structurelle du marché et d’un comportement abusif sur le marché du pain.

C’est pourquoi l’association a demandé aujourd’hui à la Commission de la concurrence (COMCO) de mener une enquête approfondie sur les conditions du marché, compte tenu des nouveaux indices d’accords anticoncurrentiels et de comportements abusifs sur le marché du pain. L’objectif est de mettre fin aux abus par le biais d’une enquête sectorielle sur le marché des céréales, de la meunerie et de la boulangerie.

Accords illicites sur les prix et abus de position dominante sur le marché
La fuite en avant d’un discounter et le suivi immédiat des deux grands distributeurs Migros et Coop font la lumière sur les mécanismes de marché faussés sur les marchés alimentaires suisses : Grâce à leur position dominante, avec des parts de marché d’environ 80% (y compris l’entreprise Migros Denner) sur le marché alimentaire, et à leurs structures fortement intégrées verticalement – notamment par leurs propres boulangeries et moulins -, ils contrôlent de larges pans de la chaîne de création de valeur et limitent ainsi aussi bien la concurrence en termes de quantité que de prix.

Le comportement de Migros et de Coop, qui limite la concurrence, se manifeste clairement par la fixation de prix identiques : jusqu’à présent, tous deux à 1,15/500 g par livre. En cas de sous-enchère ponctuelle de la part d’un discounter, les deux se sont alignés presque simultanément et sur l’ensemble du territoire sur le prix d’un franc. Ils abusent ainsi de leur position sur le marché et entravent ou discriminent les autres entreprises. Ils évincent ainsi de manière ciblée d’autres acteurs et surtout les boulangeries artisanales du marché.

Structures cartellisées sur le marché du pain – enquête sectorielle nécessaire
On peut en conclure que : Les baisses de prix des détaillants dominants ne sont en aucun cas dues au marché, mais constituent une réaction stratégiquement coordonnée aux prix bas, juridiquement discutables, pratiqués par des « acteurs extérieurs à l’oligopole ». Ce découplage délibéré des coûts de production réels et des prix de vente est notamment pratiqué par les acteurs dominants du marché. Cela sape la confiance dans une formation des prix équitable et fonctionnelle.

Les derniers développements confirment les soupçons émis depuis longtemps par MÉS et déposés auprès de la Comco. A la lumière des structures de marché largement documentées (cf. annonce du 22 mai 2024), les indices d’accords sur les quantités et les prix ainsi que d’un abus systémique de positions dominantes dans le secteur du pain se multiplient. Cela se fait au détriment des producteurs et des consommateurs.

Les autorités politiques a les cartes en main
Des adaptations correspondantes du cadre légal auraient un effet de levier important : La révision de la loi sur les cartels actuellement en cours au Parlement risque même de faciliter encore la formation de cartels particulièrement nuisibles et d’affaiblir les réglementations relatives au pouvoir de marché. La décision sera prise lors de la prochaine session d’hiver. La proposition de la CN Rüegsegger (UDC, Berne) serait une lueur d’espoir. Elle demande l’instrument d’une enquête sectorielle qui permettrait d’analyser de tels problèmes de concurrence structurelle dans certaines branches à l’échelle du secteur. A moyen terme, on attend du paquet de révision AP30+ actuellement en préparation des plans concrets pour réagir aux effets négatifs de la concentration du marché et à la grande nécessité d’agir contre les pratiques commerciales déloyales. En fin de compte, les prix intérieurs des matières premières continueront ainsi à être mis sous pression.

FMS-Preismonitor – Transformation vers plus de durabilité et autres sujets : Rapport mensuel octobre 2025

« Les aliments biologiques coûtent massivement plus cher en magasin. Mais les personnes qui les produisent ne reçoivent qu’une fraction de ce supplément ». C’est ainsi que le Beobachter rapporte la dernière publication de l’étude FMS-Preismonitor. Le Pfünderli a également fait les gros titres : après l’annonce d’Aldi de proposer des pains de 500 g à 0,99 franc, d’autres distributeurs lui ont emboîté le pas. Comme FMS a déjà constaté des distorsions de marché sur le marché des céréales panifiables, nous étudions les conséquences possibles en termes de droit de la concurrence. L’évolution en Suisse romande est réjouissante : le prix lokal+fair a été décerné pour la première fois à Meyrin (GE).