Petits pains à 99 centimes : MÉS saisit les autorités de la concurrence
Zurich / Berne, le 6 novembre 2025 – La politique des prix bas sur le marché suisse du pain, avec le prix de 99 centimes pour la livre de pain, met clairement en évidence la défaillance structurelle du marché du pain. L’association Marchés Équitables Suisse (MÉS) exige maintenant des politiques et des autorités qu’ils prennent rapidement des mesures concrètes. La situation inéquitable du marché doit être corrigée – et ce avant que d’autres dommages ne surviennent, en évinçant les entreprises commerciales du marché ou en exerçant une pression supplémentaire sur les prix des céréales suisses.
La baisse de prix très médiatisée d’Aldi Suisse – des pains de 500 grammes à 99 centimes – a suscité de vives réactions sur le marché et notamment dans le secteur de la boulangerie. Le public s’est également interrogée sur la possibilité d’écarts de prix aussi importants entre un pain artisanal et un pain industriel. Du point de vue de Marchés Équitables Suisse (MÉS), ces écarts flagrants ne sont pas seulement les symptômes de deux procédés de fabrication très différents, mais aussi et surtout ceux d’une défaillance structurelle du marché et d’un comportement abusif sur le marché du pain.
C’est pourquoi l’association a demandé aujourd’hui à la Commission de la concurrence (COMCO) de mener une enquête approfondie sur les conditions du marché, compte tenu des nouveaux indices d’accords anticoncurrentiels et de comportements abusifs sur le marché du pain. L’objectif est de mettre fin aux abus par le biais d’une enquête sectorielle sur le marché des céréales, de la meunerie et de la boulangerie.
Accords illicites sur les prix et abus de position dominante sur le marché
La fuite en avant d’un discounter et le suivi immédiat des deux grands distributeurs Migros et Coop font la lumière sur les mécanismes de marché faussés sur les marchés alimentaires suisses : Grâce à leur position dominante, avec des parts de marché d’environ 80% (y compris l’entreprise Migros Denner) sur le marché alimentaire, et à leurs structures fortement intégrées verticalement – notamment par leurs propres boulangeries et moulins -, ils contrôlent de larges pans de la chaîne de création de valeur et limitent ainsi aussi bien la concurrence en termes de quantité que de prix.
Le comportement de Migros et de Coop, qui limite la concurrence, se manifeste clairement par la fixation de prix identiques : jusqu’à présent, tous deux à 1,15/500 g par livre. En cas de sous-enchère ponctuelle de la part d’un discounter, les deux se sont alignés presque simultanément et sur l’ensemble du territoire sur le prix d’un franc. Ils abusent ainsi de leur position sur le marché et entravent ou discriminent les autres entreprises. Ils évincent ainsi de manière ciblée d’autres acteurs et surtout les boulangeries artisanales du marché.
Structures cartellisées sur le marché du pain – enquête sectorielle nécessaire
On peut en conclure que : Les baisses de prix des détaillants dominants ne sont en aucun cas dues au marché, mais constituent une réaction stratégiquement coordonnée aux prix bas, juridiquement discutables, pratiqués par des « acteurs extérieurs à l’oligopole ». Ce découplage délibéré des coûts de production réels et des prix de vente est notamment pratiqué par les acteurs dominants du marché. Cela sape la confiance dans une formation des prix équitable et fonctionnelle.
Les derniers développements confirment les soupçons émis depuis longtemps par MÉS et déposés auprès de la Comco. A la lumière des structures de marché largement documentées (cf. annonce du 22 mai 2024), les indices d’accords sur les quantités et les prix ainsi que d’un abus systémique de positions dominantes dans le secteur du pain se multiplient. Cela se fait au détriment des producteurs et des consommateurs.
Les autorités politiques a les cartes en main
Des adaptations correspondantes du cadre légal auraient un effet de levier important : La révision de la loi sur les cartels actuellement en cours au Parlement risque même de faciliter encore la formation de cartels particulièrement nuisibles et d’affaiblir les réglementations relatives au pouvoir de marché. La décision sera prise lors de la prochaine session d’hiver. La proposition de la CN Rüegsegger (UDC, Berne) serait une lueur d’espoir. Elle demande l’instrument d’une enquête sectorielle qui permettrait d’analyser de tels problèmes de concurrence structurelle dans certaines branches à l’échelle du secteur. A moyen terme, on attend du paquet de révision AP30+ actuellement en préparation des plans concrets pour réagir aux effets négatifs de la concentration du marché et à la grande nécessité d’agir contre les pratiques commerciales déloyales. En fin de compte, les prix intérieurs des matières premières continueront ainsi à être mis sous pression.
Comment le manque de transparence peut nuire aux consommateurs et aux producteurs – Commentaire invité
Comment le manque de transparence peut nuire aux consommateurs et aux producteurs – Commentaire invité
Actuellement, il apparaît que la population suisse n’est plus prête à accepter la politique de prix de nombreuses gammes de produits, qui est orientée vers l’optimisation des bénéfices en fonction de la disposition à payer des clients. Mais comment la formation des prix doit-elle se faire ? Dans son communiqué d’aujourd’hui, l’association Marchés équitables Suisse affirme que « l’essentiel est que la formation des prix soit transparente – et compréhensible ».
Pourquoi le manque de transparence est-il préjudiciable ? C’est ce qu’explique l’association Faire Märkte Schweiz (FMS) dans son article d’opinion paru aujourd’hui dans la Neue Zürcher Zeitung. L’auteur y aborde les risques liés aux exigences de transparence.
Marchés équitables Suisse, avec sa prise de position d’aujourd’hui, apporte la partie manquante au débat : Quels sont les dommages économiques causés par le manque de transparence dans l’économie, auquel les consommateurs sont exposés quotidiennement. Le président de la FMS, Stefan Flückiger, écrit à ce sujet dans la NZZ : « Plus les chaînes d’approvisionnement sont longues et globales, plus il est important de garantir les principes de base d’un marché qui fonctionne. La transparence du marché est centrale à cet égard, car elle est la clé de résultats optimaux sur le marché et d’une concurrence loyale ».
La transparence signifie que la formation des prix doit être compréhensible
Et d’ajouter : « La population suisse n’est plus prête à accepter la politique de prix de nombreux assortiments, qui ne sont plus calculés en fonction des coûts, mais orientés vers la disposition à payer des clients pour optimiser les bénéfices. C’est précisément pour les produits durables et labellisés que l’écart entre les prix à la consommation et les prix à la production s’accroît. Et ce, en grande partie à cause des majorations appliquées par les producteurs. Il faut partir du principe que les marges excessives servent à financer les stratégies de prix bas dans les segments à prix agressifs. Il est essentiel que la formation des prix soit transparente (et compréhensible) et que les coûts de production des producteurs soient pris en compte de manière appropriée. Sur cette question également, une intervention parlementaire est en préparation pour qu’à l’avenir, il soit possible de voir quelle part du prix de vente final revient aux agriculteurs suisses ».
Dans son communiqué d’aujourd’hui, l’association Marchés équitables Suisse, composée entre autres d’agro-économistes et de juristes spécialisés, déclare à ce sujet : « Le secteur Analyses de marché de l’Office fédéral de l’agriculture crée la transparence sur les marchés agricoles en tant qu’observatoire indépendant du marché mandaté par le public ». Les demandes de divulgation sur les marchés complexes des denrées alimentaires deviendraient inutiles si le marché jouait son rôle. C’est la compétence de la Comco. Marchés équitables Suisse a récemment déposé une plainte auprès de la Comco pour infractions commises par des entreprises dominantes sur le marché. L’observation du marché lancée pour créer de la transparence s’est toutefois révélée infructueuse.
Pour lire l’article complet dans la NZZ : https://www.nzz.ch/meinung/wie-intransparenz-verbraucher-und-produzenten-schaedigen-kann-ld.1860046
Geschäftsstelle Faire Märkte Schweiz (FMS)
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La baisse de prix très médiatisée d’Aldi Suisse – des pains de 500 grammes à 99 centimes – a suscité de vives réactions sur le marché et notamment dans le secteur de la boulangerie. Le public s’est également interrogée sur la possibilité d’écarts de prix aussi importants entre un pain artisanal et un pain industriel. Du point de vue de Marchés Équitables Suisse (MÉS), ces écarts flagrants ne sont pas seulement les symptômes de deux procédés de fabrication très différents, mais aussi et surtout ceux d’une défaillance structurelle du marché et d’un comportement abusif sur le marché du pain.
C’est pourquoi l’association a demandé aujourd’hui à la Commission de la concurrence (COMCO) de mener une enquête approfondie sur les conditions du marché, compte tenu des nouveaux indices d’accords anticoncurrentiels et de comportements abusifs sur le marché du pain. L’objectif est de mettre fin aux abus par le biais d’une enquête sectorielle sur le marché des céréales, de la meunerie et de la boulangerie.
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