Actuellement déposée : motion pour une meilleure transparence des prix des produits agricoles
Le thème de la transparence des prix des produits agricoles gagne encore en dynamisme et en pertinence avec la motion ‘Promouvoir la transparence de la part du producteur dans le prix de vente des produits agricoles’ déposée aujourd’hui. Marchés équitables Suisse soutient la motion du conseiller national bernois Hans Jörg Rüegsegger visant à obliger les vendeurs finaux à indiquer la part du producteur dans le prix de vente des produits agricoles – un jalon pour une formation des prix équitable et une juste rémunération des paysannes et des paysans.
La formation des prix dans le commerce de détail est très opaque, tant pour les consommateurs que pour les spécialistes, comme le dénonce depuis longtemps l’association Marchés Équitables Suisse, études scientifiques à l’appui1. Les prix à la consommation sont poussés à la hausse, tandis que les prix à la production agricole ont tendance à être tirés vers le bas. C’est ce que confirment les calculs du moniteur de prix de Mathias Binswanger, économiste et vice-président de Faire Marchés Suisse. Binswanger en déduit que : Les deux grands distributeurs Migros et Coop dominent le marché alimentaire suisse et possèdent un pouvoir de marché considérable. Celui-ci a pour conséquence que les acheteurs peuvent imposer des prix bas aux paysans, aussi bien pour les produits conventionnels que pour les produits bio. A l’inverse, les grands distributeurs peuvent exiger des prix élevés au supermarché auprès d’un segment de clients solvables.
Le Conseil national doit maintenant se saisir du sujet
Le conseiller national Rüegsegger (UDC, Berne) s’attaque maintenant à ce sujet avec sa motion : Avec les méthodes de fixation des prix pratiquées aujourd’hui, le prix reflète de moins en moins les coûts de production réels. D’une manière générale, la part de l’agriculture est passée, au cours des trente dernières années, de près de la moitié en moyenne du prix des produits à environ 30% ; pour certains produits, comme le pain, elle n’est plus que de 7%. Les marges du commerce et de la transformation ont augmenté en conséquence pendant cette période.
Objectif : les consommateurs peuvent acheter en connaissance de cause, la position de négociation des paysans est renforcée.
La motion du conseiller national Rüegsegger demande que la situation soit clarifiée : l’indication de la part du prix de vente revenant aux producteurs agricoles doit améliorer la transparence de la formation des prix, afin que les consommateurs puissent se faire une idée de la part du prix de vente final qui revient finalement aux agriculteurs. L’amélioration de la transparence aidera également les agriculteurs dans leurs négociations de prix, car le manque de transparence actuel les désavantage dans leur position de négociation vis-à-vis de leurs acheteurs.
En vertu de la loi sur l’agriculture et de l’ordonnance sur l’observation du marché dans le secteur agricole, l’Office fédéral de l’agriculture est tenu de créer la transparence dans la formation des prix en informant le public. L’OFAG crée ainsi les conditions pour que les producteurs disposent de statistiques fiables sur les prix. Stefan Flückiger, président de Marchés Équitables Suisse, voit dans cette motion une étape importante : «Si le Parlement approuve cette motion, nous créerons la transparence nécessaire à une économie équitable. Les consommateurs doivent savoir quelle part de leur franc revient effectivement aux agriculteurs et ces derniers doivent être renforcés dans leur position de négociation et être indemnisés de manière équitable. C’est la seule façon de lutter contre le déséquilibre des marchés de l’agar et de l’alimentaire, où le commerce de détail montre de plus en plus souvent ses muscles.»
Marchés Équitables Suisse soutient également le postulat 24.3673 du conseiller national Martin Haab (UDC Zurich) intitulé ‘Les prix indicatifs ne représentent pas les prix effectivement payés à la ferme’
Ce postulat charge le Conseil fédéral de présenter dans un rapport transparent la manière dont les prix indicatifs agricoles représentent les prix effectivement payés à la ferme. Les évaluations de Marchés Équitables Suisse ont en effet montré que, pour le lait par exemple, les différences entre les prix indicatifs négociés et les prix effectivement payés pouvaient atteindre 21,8 centimes par kg. Ces écarts importants permettent de conclure qu’avec les structures de marché unilatérales actuelles, les représentants des producteurs ne parviennent pas à imposer leurs exigences en matière de prix et sont désavantagés lors de la formation des prix.