Que signifie l’équité dans l’agriculture ? Marchés Équitables Suisse a inscrit cette question dans ses objectifs stratégiques : « Nous nous engageons pour des marchés équitables, dans lesquels une concurrence favorable est assurée dans l’intérêt de tous les acteurs ». Nous avons abordé cette question plus en détail dans divers autres objectifs et documents. Les agriculteurs doivent maintenant pouvoir se prononcer sur la question de l’équité dans le domaine de la commercialisation et de la formation des prix grâce au nouveau selfcheck MÉS. Dans le thème central, nous classons les premières réponses des groupes pilotes, dans quelle mesure elles sont pertinentes du point de vue du droit de la concurrence et quelles conclusions les agriculteurs peuvent en tirer.
Les questions d’équité sont souvent liées à un pouvoir de marché trop important du côté des acheteurs. C’est pourquoi mon article invité dans les publications de Tamedia de la semaine dernière a rencontré un large écho.
Dans les brèves, nous évoquons des sujets relatifs au marché laitier, nos activités dans le cadre de la campagne local+équitable ainsi que la dénonciation prévue auprès de la Comco. Et une étape particulière ! Pour la première fois, Marchés Équitables Suisse se lance à l’international et soutient une initiative de solidarité en Allemagne.
En point de mire
Selfcheck sur l’équité dans la commercialisation et la formation des prix
L’objectif du selfcheck est de permettre aux agriculteurs d’évaluer eux-mêmes leur situation en matière d' »équité » dans la commercialisation et la formation des prix. Pour ce faire, MÉS a développé, en collaboration avec des experts de la concurrence, un selfcheck qui permet désormais, pour la première fois, d’évaluer la pertinence des déclarations au regard du droit de la concurrence. Dans les groupes pilotes, la production laitière était la plus représentée : 61,5%. Il s’agit là d’un premier signe indiquant dans quelles branches d’exploitation le bât blesse le plus, ce qui ne peut toutefois pas encore être considéré comme représentatif. C’est pourquoi le selfcheck est aujourd’hui accessible à tous les agriculteurs et agricultrices afin d’obtenir des résultats plus fiables (pour le communiqué, cliquez ici).
Les résultats concernant la répartition équitable de la valeur ajoutée étaient alarmants : 81% des personnes interrogées sont d’avis que leur part de valeur ajoutée est trop faible, qu’elles ne bénéficient pas assez du franc des consommateurs et qu’elles prélèvent trop sur d’autres niveaux de valeur ajoutée. En ce qui concerne le niveau des prix et la rémunération conforme aux dépenses, 76,9% ont indiqué que le prix leur était dicté et qu’il ne couvrait pas les coûts. 65,4% critiquent le fait qu’ils sont livrés sans protection aux conditions unilatérales de l’acheteur (7,7% se sentent également à la merci de l’acheteur, mais peuvent s’en accommoder).
Les résultats concernant les organisations sectorielles étaient également étonnants. Pour près de 70% des répondants, les interprofessions ne fonctionnent pas bien. Ils se sentent désavantagés parce que les producteurs ne peuvent que rarement y faire valoir leurs intérêts (pour 19,2% seulement, les interprofessions fonctionnent bien et de manière satisfaisante).
En ce qui concerne les mesures de rétorsion possibles, la mise à disposition et la préparation des marchandises, les annulations de dernière minute ou le paiement correct concernant l’accord, plus de 66% des répondants sont en principe satisfaits.
La concurrence et la question de savoir si les conditions minimales pour une concurrence efficace sont remplies sont mal notées dans l’enquête. Pour 46,2% des personnes interrogées, ces conditions ne sont pas remplies, ce qui a une influence considérable sur la formation des prix.
Il est recommandé aux participants qui se sentent traités injustement dans des faits relevant du droit de la concurrence d’observer plus attentivement leur situation à la ferme et, le cas échéant, de demander de l’aide, comme ils peuvent le faire par exemple auprès du service de conseil de MÉS. Pour des raisons de protection des données, aucune donnée personnelle n’est enregistrée dans le selfcheck.
Lien vers le Selfcheck: https://administrator611728.typeform.com/to/NdadamtP
Brèves
MÉS a commandé un nouveau calcul du moniteur de prix
Des prix élevés réduisent considérablement la compétitivité des gammes de produits durables sensibles aux prix par rapport aux produits standard. C’est ce que confirme la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) avec la deuxième édition du moniteur de prix de MÉS. Les médias ont parlé du moniteur des prix et du fait que l’écart de prix entre les produits bio et conventionnels reste largement ouvert chez les deux grands distributeurs Migros et Coop et s’est même creusé pour certains produits. En revanche, les données des discounters, collectées pour la première fois, indiquent des écarts de prix nettement plus faibles. Les produits bio s’en sortent également moins bien en ce qui concerne la part du franc des consommateurs (pour les informations aux médias, cliquez ici, pour accéder directement au moniteur des prix, cliquez ici).
La production laitière: Décalage entre la théorie et la réalité
Le mécontentement est grand dans l’agriculture, en particulier dans la production laitière, ce que confirment les premiers résultats du self-check (voir ci-dessus). Plusieurs producteurs laitiers se sont manifestés auprès de MÉS. MÉS a fait une évaluation avec leurs décomptes de lait et a confirmé qu’il existe un écart particulièrement important entre un prix du lait couvrant les coûts de production, le prix indicatif officiel de l’Interprofession du lait (IP Lait) et le prix du lait versé aux producteurs. Notre communiqué de presse et l’article paru dans la NZZ ont provoqué quelques remous dans les milieux de la branche.
Lait des prés : réponse d’Emmi
Dans notre newsletter de mars, nous avons signalé que les producteurs de lait durable sont désavantagés dans la mesure où le prix à la production du lait des prés durable IP-Suisse est inférieur au prix du lait conventionnel. MÉS demande aux acteurs concernés de remédier à cette situation par le biais d’une lettre ouverte. Emmi SA a pris position de manière détaillée sur nos revendications dans une lettre de réponse, à laquelle nous avons à notre tour réagi. Bien que l’échange n’ait pas encore abouti à un consensus, cette campagne nous a permis de faire comprendre que l’équité ne peut être atteinte que par une plus grande transparence.
Local+équitable : C’est parti !
Dans la newsletter de mars, nous avons parlé de notre mouvement pour l’équité dans les communes. Avec le projet national Local+équitable, nous nous engageons à ce qu’une part aussi élevée que possible du franc des consommateurs provienne de la production locale et que, de cette manière, les entreprises agricoles et de transformation locales soient rémunérées plus équitablement pour leurs produits et leur travail. Dans les prochaines semaines, la campagne locale+équitable de cette année sera mise en ligne sur le site Internet. Elle culminera avec la journée nationale de la vente directe lokal+équitable en septembre 2024. Le projet sera mené avec des exploitations agricoles, des commerçants et des communes sélectionnés.
MÉS soutient l’initiative ‘inifair’ pour des prix équitables dans la chaîne d’approvisionnement
Les protestations des agriculteurs ont pris une autre dimension en Allemagne qu’en Suisse. Pourtant, nous sommes confrontés à des défis similaires dans le domaine de l’équité : Les déséquilibres du marché font pression sur les prix des producteurs ; une part croissante du franc des consommateurs est détournée vers la transformation et le commerce ; des mécanismes insuffisants pour garantir des prix à la production stables et couvrant les coûts à long terme ; d’énormes répercussions sur la protection de l’environnement et des animaux. L’initiative allemande pour des prix équitables dans la chaîne d’approvisionnement lutte contre ce phénomène en formulant des exigences concrètes à l’intention des responsables politiques. Elle est soutenue par des organisations de l’agriculture paysanne, du commerce équitable et autres. Avec cet engagement, MÉS veut utiliser des synergies ciblées et les mettre au service de marchés plus équitables en Suisse.
Annonce : Enquête sectorielle de la Comco
Les recherches de MÉS ont confirmé qu’il était indiqué de clarifier les erreurs de système ou les distorsions de concurrence présentes sur le marché des céréales, notamment de la farine boulangère, au moyen d’une enquête sectorielle relevant du droit des cartels. Cette étape aura lieu prochainement.